Le 4 octobre dernier, le Saint-Père publiait sa première exhortation apostolique « Dilexi te » dont le titre signifie : Je t’ai aimé. Il s’agit d’un texte qui reprend les travaux du pape François, comme un héritage assumé, une continuité entre les deux pontifes.
La date du 4 octobre pour la publication du document n’est pas neutre : c’est la fête de Saint François d’Assise, religieux mendiant du 13° siècle, qui se décrivait lui-même comme un ami de « Dame Pauvreté ». En abandonnant les richesses et les voluptés que lui accordait sa condition sociale, saint François a fait l’expérience d’une liberté nouvelle et d’un grand amour de Dieu, au service des pauvres.
Quand tu fais la découverte de l’amour de Dieu, un amour spirituel, quand tu réalises que « Dieu t’a aimé » vraiment, ton cœur devient capable d’un grand mouvement vers les autres, un élan qui porte à soigner les blessures, à soulager les détresses, à accompagner les fragilités.
Ainsi le Pape Léon XIV écrit dans son exhortation : « De par sa nature, l’amour chrétien est prophétique, il accomplit même des miracles, il n’a pas de limites : il est pour l’impossible. L’amour est avant tout une façon de concevoir la vie, une façon de la vivre. Eh bien, une Église qui ne met pas de limites à l’amour, qui ne connaît pas d’ennemis à combattre, mais seulement des hommes et des femmes à aimer, est l’Église dont le monde a besoin aujourd’hui. » (§120)
La parution de ce texte coïncide avec la sortie au cinéma du film sur le Sacré-Cœur de Jésus, un film qui a connu un succès extraordinaire parce qu’il a su « dépoussiérer, décloisonner et dépolitiser une vérité centrale du christianisme : Dieu s’est fait cœur » (Pascal Ide, théologien)
Avec les pauvres, et pour les pauvres
Le Pape Léon continue : « Trois jours après son élection, mon Prédécesseur avait exprimé aux représentants des médias son souhait que le soin et l’attention aux pauvres soient plus clairement présents dans l’Église : ’ Ah, comme je voudrais une Église pauvre et pour les pauvres ! ’ » (§35)
Et ce souhait est décliné ensuite dans le développement du texte par l’exercice de la charité qui accompagne toute l’histoire de l’Église, qui lui a donné ses meilleurs accents et sans doute son vrai visage. Ainsi « Lorsque l’Église s’incline pour briser les nouvelles chaînes qui entravent les pauvres, elle devient un signe pascal. » (§61)
L’attention aux pauvres n’est donc pas un simple exercice de bonnes œuvres dont on pourrait se satisfaire comme d’un bon devoir accompli, mais c’est un chemin exigeant – comme une porte étroite – à travers laquelle il faut passer désormais. C’est à ce prix que le visage du Christ se révèle à nous dans le visage des pauvres et nous fait ressentir combien l’Evangile est rafraîchissant et décapant, un Evangile qui ne fait pas de théorie, mais qui redit l’impératif d’aimer pour vivre – tout simplement.
« Le sens évangélique des pauvres et de la pauvreté, sont requis de tous, et tout spécialement des pasteurs et des responsables. Le souci de la pureté de la foi ne va pas sans le souci d’apporter, par une vie théologale intégrale, la réponse d’un témoignage efficace de service du prochain, et tout particulièrement du pauvre et de l’opprimé ». (Dilexi te, §98)